Les chiffres récents montrent que le taux d’absentéisme pour raisons médicales dans la fonction publique dépasse celui du secteur privé. Cette différence, bien que notable, soulève des questions sur les conditions de travail et les politiques de gestion des ressources humaines dans ces deux secteurs.
La fonction publique, souvent perçue comme un bastion de stabilité, n’est pas exempte de problèmes en matière de santé au travail. Les agents publics bénéficient de certains avantages, mais ces derniers suffisent ils à expliquer l’écart observé avec le privé ?
Dans cet article, nous vous proposons une analyse approfondie des causes et des implications de cette disparité, en explorant les divers facteurs qui influencent les arrêts maladie dans chaque secteur.
L’absentéisme dans la fonction publique Vs le secteur privé
En 2023, l’écart entre les jours d’absence des agents publics et des salariés du secteur privé a diminué, passant de 2,8 jours en 2022 à 1,7 jour. Les agents de la fonction publique se sont absentés en moyenne 12 jours, tandis que les salariés du privé ont eu 10,3 jours d’absence.
Les agents des collectivités ont été les plus souvent absents, avec une moyenne de 14,7 jours, suivis par ceux des hôpitaux (14 jours) et de l’État (8,4 jours). Cette tendance s’accompagne d’une diminution de l’écart en matière de durée annuelle du travail, avec 1.698 heures dans le privé contre 1.632 dans la fonction publique.
Les arrêts de longue durée, souvent dus à des troubles psychosociaux, ont connu une augmentation significative.
Depuis 2019, les arrêts maladie ont augmenté de 41 %, avec une durée moyenne passant de 168 jours en 2019 à 175 jours en 2024. Patrick Martin, président du MEDEF, a souligné une « dérive sur les arrêts maladie », notamment chez les jeunes, tout en précisant que cela ne traduit pas nécessairement une hausse de l’absentéisme en entreprise. Les réformes récentes ont prolongé l’âge de départ à la retraite, exposant davantage les travailleurs aux risques de santé liés à l’âge.
Les salaires montrent également des écarts, un agent de la fonction publique gagnant en moyenne 2.527 euros nets par mois en 2022, contre 2.630 euros pour un salarié du privé. Les cadres de la fonction publique avaient une rémunération nette de 3.611 euros, inférieure à celle de leurs homologues du privé (4.489 euros). Ces disparités salariales, combinées aux conditions de travail, influencent la santé des travailleurs, avec des facteurs de genre jouant un rôle, notamment pour les femmes.
Réformes des arrêts maladie et indemnisation
Les réformes récentes visent à rééquilibrer le système d’indemnisation des arrêts maladie et à lutter contre les abus. Dans le secteur privé, le plafond d’indemnisation a été réduit de 1,8 SMIC à 1,4 SMIC, avec une indemnisation par la Sécurité sociale fixée à 50 % du salaire brut journalier de base. Le délai de carence est de 3 jours. Pour la fonction publique, la rémunération durant les 3 premiers mois d’arrêt est passée de 100 % à 90 %, les règles restant inchangées au-delà de cette période.
La téléconsultation pour la prescription d’arrêts maladie est limitée à 3 jours, sauf exceptions pour le médecin traitant ou la sage-femme. En 2024, 7 000 pénalités financières ont été prononcées, soit deux fois plus qu’en 2023, avec des montants pouvant atteindre plusieurs centaines d’euros. À partir de juin 2025, seuls les arrêts dématérialisés ou sur formulaire Cerfa sécurisé seront acceptés. L’employeur doit être informé dans les 48 heures suivant l’arrêt.
Les règles de durée des arrêts n’imposent pas de limite stricte à la fréquence des arrêts, mais une attention accrue est portée sur les arrêts courts et répétés. Dans la fonction publique, une année maximum d’arrêt maladie ordinaire est autorisée avant de passer à un autre régime.
Comparaison des salaires et des conditions de travail
Les salaires dans la fonction publique et le secteur privé présentent des différences notables. En 2022, un agent de la fonction publique gagnait en moyenne 2.527 euros nets par mois, tandis qu’un salarié du privé percevait 2.630 euros. Les cadres de la fonction publique avaient une rémunération nette de 3.611 euros, inférieure à celle de leurs homologues du privé, qui s’élevait à 4.489 euros. Ces écarts salariaux reflètent les différences de conditions de travail entre les deux secteurs.
Les conditions de travail influencent également la santé des travailleurs, avec des facteurs de genre jouant un rôle significatif. Les femmes sont particulièrement touchées en raison de conditions de travail souvent moins favorables et des complications liées à la grossesse. Les réformes récentes, en prolongeant l’âge de départ à la retraite, exposent davantage les travailleurs aux risques de santé liés à l’âge.
Voici un tableau comparatif des salaires moyens :
👥 Secteur |
Salaire moyen (euros) |
|---|---|
Fonction publique |
2.527 |
Privé |
2.630 |
Cadres fonction publique |
3.611 |
Cadres privé |
4.489 |
En complément, n’oublions pas que :
- Les disparités salariales peuvent influencer la motivation des employés.
- Les conditions de travail varient considérablement entre les secteurs.
- Les réformes visent à réduire les inégalités et à améliorer la santé au travail.
Les enjeux de la santé au travail dans les deux secteurs
La santé au travail constitue un enjeu majeur tant pour la fonction publique que pour le secteur privé. Dans les deux environnements, les conditions de travail jouent un rôle fondamental dans l’apparition des arrêts maladie. Les agents publics, souvent confrontés à des charges de travail importantes et à des contraintes administratives, peuvent être plus vulnérables aux troubles psychosociaux. À l’inverse, les salariés du privé, soumis à des objectifs de performance élevés, peuvent également souffrir de stress professionnel. Il faut comprendre les spécificités de chaque secteur pour mieux adapter les politiques de prévention.
Les réformes récentes, en particulier celles liées à l’âge de départ à la retraite, ont un impact direct sur la santé des travailleurs. En prolongeant la durée de vie professionnelle, elles augmentent le risque de pathologies liées à l’âge, telles que les troubles musculo-squelettiques ou les maladies chroniques. Ces réformes soulèvent des questions sur la capacité des systèmes de santé au travail à anticiper et gérer ces nouveaux problèmes. Les employeurs, tant publics que privés, sont appelés à renforcer leurs dispositifs de prévention et de soutien psychologique pour accompagner au mieux leurs employés.
Les différences salariales entre les deux secteurs influencent également la perception des conditions de travail et de la santé. Les écarts de rémunération peuvent affecter la motivation et la satisfaction professionnelle, deux facteurs déterminants pour la santé mentale des travailleurs. Les politiques salariales doivent être réfléchies en tenant compte de ces aspects pour favoriser un environnement de travail sain et équilibré. Les employeurs doivent prendre en compte l’importance de l’équité salariale pour améliorer le bien-être général de leurs employés.
Un vent de changement sur les indemnisations
Depuis le 1er mars 2025, la fonction publique a vu ses règles d’indemnisation évoluer. Désormais, les agents touchent 90 % de leur salaire pour les trois premiers mois d’absence, avant de passer à un demi-traitement pour les neuf mois suivants. Ce changement s’accompagne d’un maintien d’un seul jour de carence, une mesure qui se veut équilibrée. En 2023, les agents publics se sont absentés en moyenne 12 jours, un chiffre non négligeable qui pourrait influencer ces réformes.
Dans le secteur privé, les modifications sont tout aussi importantes. Le plafond des indemnités journalières a été revu à la baisse, passant de 1,8 à 1,4 fois le SMIC mensuel, soit de 53,31 € à 41,47 € brut par jour depuis le 1er avril 2025. Les salariés doivent désormais composer avec un délai de carence de trois jours, ce qui pourrait impacter leur décision de se mettre en arrêt. En 2023, leur absence moyenne s’élevait à 10,3 jours, un chiffre qui pourrait bien évoluer avec ces nouvelles mesures.
Les syndicats remontés contre la réforme des jours de carence
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