Francis, agent technique à la retraite « voilà mon salaire après 49 ans en tant que fonctionnaire »

Comprendre la retraite d’un agent technique de la fonction publique

Le calcul de la pension de retraite d’un agent technique dans la fonction publique repose sur plusieurs critères déterminants. Cette pension dépend notamment du dernier traitement indiciaire brut, de la durée de la carrière et du nombre de trimestres validés.

Dans cet article, on vous présente de façon claire et structurée les éléments qui influencent ce montant. Nous avons également rencontré Francis un agent technique à la retraite qui nous parle de sa carrière et de ses émoluments.

Les paramètres du calcul de la pension

Le montant de la pension de base est défini par une formule précise :

La formule de calcul est la suivante :

Pension brute = Traitement indiciaire brut × (Trimestres validés / Trimestres requis) × 75%

Quel est l’impact d’une carrière incomplète

• Si le nombre de trimestres validés est inférieur au seuil requis, la pension est réduite proportionnellement.
• Une décote est appliquée pour chaque trimestre manquant.

Exemple : un agent ayant un traitement indiciaire brut de 1 800 €, avec 160 trimestres validés sur 172 requis, percevrait une pension brute mensuelle de environ 1 255 €.

Quel est le minimum garanti ?

Indépendamment de la durée de carrière, un minimum de pension est assuré :

• 1 354,16 € brut par mois pour une carrière complète de 39 ans en 2025
• Ce montant est ajusté pour les carrières plus courtes

Exemple : pour 13 ans de service (soit 52 trimestres), le minimum garanti est réduit à 416,66 € brut par mois.

La retraite complémentaire RAFP

En complément de la pension de base, les agents techniques peuvent bénéficier de la retraite additionnelle de la fonction publique (RAFP).

• Calculée en fonction des points obtenus via les primes
• Exemple : 8 000 points RAFP correspondent à 38,77 € brut mensuels en 2025

Résumé des niveaux de pension

Francis, 67 ans : « Voilà mon salaire après 49 ans en tant que fonctionnaire technique »

Francis nous reçoit dans son petit pavillon de campagne, à quelques kilomètres de Saint-Étienne. Le jardin est parfaitement entretenu — « la rigueur, ça ne me quitte pas », dit-il en riant. À 67 ans, ce solide gaillard au sourire modeste est un agent technique fraîchement retraité, après 49 années passées dans la fonction publique territoriale. Cantonnier, agent d’entretien, puis responsable d’un atelier communal, Francis a usé plus de balais, de clés plates et de gants de chantier qu’il ne peut s’en souvenir. Mais aujourd’hui, il parle d’un autre chiffre : celui de sa pension de retraite.

Francis, après 49 ans dans la fonction publique, on imagine que vous avez mérité une retraite solide. Quel est le montant que vous touchez aujourd’hui ?

(Rires) Ah, solide… Ça dépend pour qui. Aujourd’hui, je touche 1 397 euros brut par mois. En net, ça fait un peu moins de 1 250 euros. J’avais un dernier traitement indiciaire brut de 1 850 euros, et j’ai validé 171 trimestres sur les 172 requis pour ma génération. Autant dire que j’étais à un cheveu du taux plein ! Du coup, ma pension a été calculée avec un petit poil de décote, mais très légère. Et j’ai 3 200 points de RAFP, ce qui me donne environ 15 euros brut de plus par mois. C’est pas grand-chose, mais je les prends.

Et avec ça, vous arrivez à vivre correctement ?

Disons que je ne me plains pas. J’ai une petite maison payée, un potager bien fourni, et je ne pars pas en croisière. Mais j’ai pas de dettes, et je touche une retraite un peu au-dessus du minimum garanti. J’ai vu des collègues partir avec 1 100 euros, parfois moins s’ils avaient eu des trous de carrière. Moi, j’ai commencé à 18 ans en tant qu’agent de voirie. J’ai jamais arrêté. Même blessé au genou, j’étais là avec ma genouillère à repeindre les passages piétons.

Comment avez-vous vécu le calcul de votre retraite ? Vous étiez préparé ?

Pas du tout ! J’ai commencé à m’y intéresser sérieusement à 60 ans. J’ai découvert que certaines années n’avaient pas été correctement déclarées à cause d’un changement de collectivité. Heureusement, un gars des RH m’a aidé à régulariser ça. Le plus dur, c’est de comprendre toutes les histoires de trimestres, de taux plein, et de RAFP. Moi, je pensais que tout comptait pareil… mais les primes, elles entrent pas dans le calcul du traitement de base. Alors que c’était une grosse partie de mon salaire les dernières années. Ça pique quand on voit la différence.

Est-ce que vous auriez fait certaines choses différemment en connaissant mieux le système ?

Ah, mille fois oui. J’aurais demandé à faire racheter mes deux années de trou entre 20 et 22 ans, quand j’ai suivi une formation non reconnue. Je les ai perdues bêtement. Et j’aurais mieux suivi mes points RAFP. J’avais des primes, mais elles n’étaient pas toujours déclarées. Résultat : j’ai pas autant de points que j’aurais dû. Et pourtant, ces quelques dizaines d’euros par mois, à la retraite, on les sent passer.

Et aujourd’hui, que vous reste-t-il de votre vie d’agent technique ?

Des souvenirs à la pelle ! Comme cette fois où on m’a demandé de repeindre un gymnase… qui devait être démoli deux mois plus tard. Ou la fois où j’ai coincé une tondeuse dans une mare. Mais surtout, j’ai gardé un respect immense pour tous ceux qui bossent dehors, sous la pluie ou en pleine canicule. Maintenant, je me consacre à mon jardin, je bricole pour les voisins, et je donne un coup de main à la mairie pour entretenir le monument aux morts. Faut bien garder les mains occupées.

Un conseil pour les jeunes agents techniques d’aujourd’hui ?

Oui, prenez votre retraite au sérieux avant 60 ans. Suivez vos trimestres, déclarez bien vos primes, et posez des questions. Le jour où vous partez, c’est trop tard pour corriger. Et surtout, ne comptez pas uniquement sur l’État pour votre confort plus tard. Si vous pouvez, mettez de côté, investissez un peu, même modestement. Moi, j’ai un vieux livret A qui me dépanne bien aujourd’hui. Et puis… aimez ce que vous faites, même si c’est pas toujours reconnu. Parce que dans ce métier, y’a pas de médailles, mais y’a de la fierté.

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