La fonction publique en danger ? pourquoi les jeunes n’en veulent plus..

Fabrice

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Peu de jeunes fonctionnaires envisagent de faire carrière dans la fonction publique, selon une étude récente. Pourquoi une telle désaffection pour un secteur autrefois prisé pour sa stabilité et ses avantages ? La question mérite qu’on s’y attarde, tant les enjeux sont importants pour l’avenir des services publics.

Les jeunes générations, souvent en quête de sens et d’évolution rapide, semblent se heurter à une réalité moins engageante dans la fonction publique. Entre rigidité administrative, perspectives d’évolution limitées et conditions de travail parfois peu attractives, les raisons de leur départ sont nombreux et complexes.

Retour sur un phénomène qui interpelle et qui pourrait bien transformer en profondeur le visage de notre fonction publique.

Pourquoi les jeunes désertent la fonction publique ?

En 2023, seulement 44 % des jeunes contractuels de moins de 30 ans recrutés en 2020 restent en poste. Cette proportion chute à 38 % pour les moins de 25 ans, tandis que 94 % des titulaires conservent leur emploi. Ces chiffres révèlent un manque de stratégie de fidélisation et d’intégration, notamment pour les jeunes issus de dispositifs sociaux comme PACTE et prépas talents. Rapport “Travailler dans la fonction publique : le enjeu de l’attractivité” met en avant cette crise d’attractivité, observée depuis 15 ans. Le décrochage entre les atouts et contraintes perçues de la fonction publique est flagrant.

Les collectivités territoriales signalent 64 % de champs professionnels en tension. En 2022, 15 % des postes offerts aux concours de la fonction publique de l’État n’ont pas été pourvus.

Le nombre de candidats aux concours de la FPE a chuté de 300 000 à 151 000 entre 2016 et 2022. Dans la fonction publique territoriale, le nombre de présents aux concours externes a diminué de 20 % entre 2011 et 2022, alors que les postes offerts ont augmenté de 29 %. Un véritable paradoxe.

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Quels problèmes pour la fonction publique d’ici 2030 ?

D’ici 2030, 36 % des agents de la fonction publique territoriale partiront à la retraite, mais seulement 17 % des effectifs annuels entreront dans la fonction publique. Cela entraînera un déficit de près de 20 %. Les départs des enseignants sont également préoccupants : près de 15 % sont des démissions, contre 85 % pour des départs en retraite. Une dizaine de métiers de la FPT sont en forte tension, notamment les secrétaires de mairie et les animateurs éducatifs.

Les métiers en tension peuvent englober :

  • Enseignement
  • Police
  • Soins
  • Numérique
  • Techniques
  • Environnementaux

Les compétences numériques sont particulièrement recherchées, avec 2 500 recrutements nécessaires chaque année. Le salaire moyen des agents de la fonction publique évolue moins que celui des salariés du privé depuis le milieu des années 2010.

Quels sont les leviers pour attirer les talents ?

Pour inverser la tendance, plusieurs leviers ont été identifiés. L’amélioration de l’image et des conditions de travail est capitale. La fonction publique offre la garantie de l’emploi et une ascension sociale, surtout pour les femmes et les jeunes de milieux modestes. Elle propose également une certaine souplesse dans l’organisation du temps de travail, avec moins de temps partiels subis. Pourtant, les concours sont souvent perçus comme inadaptés.

Les critiques soulignent que les conflits éthiques sont plus présents que dans le secteur privé. La fonction publique doit adapter ses pratiques pour attirer et fidéliser les talents, en particulier dans un contexte de concurrence accrue avec le secteur privé. Les enjeux démographiques et la diversification des viviers sont des enjeux majeurs pour l’avenir.

Année
Candidats FPE
Présents FPT
2016
300 000
2022
151 000
-20 %

 

Quelles alternatives pour les jeunes dans le secteur public ?

Face à la désaffection des jeunes pour la fonction publique, il est fondamental d’explorer des alternatives qui pourraient les séduire. L’une des pistes consiste à réinventer les parcours professionnels en proposant des opportunités de mobilité interne. Permettre aux jeunes de changer de poste ou de service sans quitter la fonction publique pourrait répondre à leur besoin de diversité et de nouveauté. Cela nécessite une politique active de gestion des carrières, avec des formations adaptées et des passerelles entre les différents corps de métiers. Ainsi, les jeunes pourraient envisager leur carrière dans le secteur public comme un parcours évolutif et enrichissant.

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Un autre aspect à considérer est l’importance de la reconnaissance et la valorisation des compétences acquises dans le secteur public. Les jeunes aspirent à voir leurs efforts et leurs talents reconnus, ce qui passe par des systèmes d’évaluation et de promotion transparents et équitables. En instaurant des mécanismes qui récompensent l’innovation et l’engagement, la fonction publique pourrait attirer des profils dynamiques et motivés. L’intégration de technologies numériques et de méthodes de travail modernes pourrait rendre le secteur public plus attrayant pour les jeunes générations, habituées à un environnement de travail digitalisé.

Il faut repenser la communication autour des métiers de la fonction publique. Les jeunes sont souvent mal informés sur les opportunités offertes par le secteur public et sur les avantages qu’il propose. Une campagne de communication ciblée, utilisant des canaux modernes tels que les réseaux sociaux et les plateformes numériques, pourrait changer la perception des jeunes vis-à-vis de la fonction publique. En mettant en lumière des témoignages inspirants et des parcours réussis, il serait possible de susciter un nouvel intérêt pour ces carrières. Cette stratégie de communication devrait également inclure des partenariats avec des établissements d’enseignement pour sensibiliser les étudiants dès leur formation initiale.

La fonction publique attire-t-elle encore les jeunes diplômés ?

Les jeunes générations, en quête de sens dans leur travail, se tournent souvent vers des secteurs offrant une organisation souple et des relations moins hiérarchisées. Cette quête de flexibilité et de sens peut les éloigner de la fonction publique, où les structures traditionnelles dominent encore. Les attentes des jeunes ne s’alignent pas toujours avec la réalité de ce secteur.

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De plus en plus de jeunes diplômés choisissent d’autres secteurs pour leur premier emploi. Le secteur privé, avec ses promesses de dynamisme et d’innovation, attire ces nouvelles générations. Même au sein de la fonction publique, certains versants sont plus prisés que d’autres, laissant les postes traditionnels moins attractifs.

Les opportunités de carrière diversifiées et flexibles sont également une priorité pour ces jeunes. La fonction publique, souvent perçue comme rigide, ne peut pas toujours répondre à ces attentes. Les jeunes cherchent des parcours professionnels qui leur permettent de s’épanouir et d’explorer différentes voies, ce qui les pousse à regarder au-delà des options conventionnelles.

Émilie (Limoges) « Choisir la fonction publique malgré les salaires du privé »

J’ai décidé de passer le concours de la fonction publique de catégorie A après avoir longuement pesé le pour et le contre. La formation dure 15 mois, et bien que le salaire initial soit de 1700 euros net, il augmente à 2200 euros net minimum après le début de carrière. Dans ma promotion, il y avait 20 places vacantes, ce qui montrait déjà un certain désintérêt pour ces postes. J’ai été attirée par la sécurité de l’emploi et les horaires de bureau, qui me permettaient de mieux concilier vie professionnelle et vie personnelle.

En tant que fonctionnaire, je bénéficie d’avantages non négligeables, comme des vacances et des places prioritaires en crèche. Je suis consciente que dans le secteur privé, certains postes offrent des salaires bien plus élevés, pouvant atteindre plus de 80 000 euros, voire 100 000 euros brut pour des postes à l’étranger. Malgré cela, j’ai choisi la stabilité et la sécurité de l’emploi sur le long terme, ce qui est devenu une priorité pour moi.

Je connais des collègues qui ont opté pour des carrières au Quai d’Orsay, où le salaire débutant pour un cadre A+ est de 2500 euros net, avec une indemnité de résidence à l’étranger de 5000 euros mensuel minimum. Ces chiffres sont séduisants, mais j’ai préféré rester à Limoges pour profiter de la qualité de vie et d’un rythme de travail plus équilibré. Je pense que chaque choix de carrière dépend des priorités personnelles et des aspirations de chacun.

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Fabrice

Fabrice DURAND

Entrepreneur et passionné par l'orientation professionnelle, j'ai créé formation-publique pour vous accompagner dans le choix de vos formations. Je suis également responsable du groupe Facebook Orientation scolaire.

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