Les urgences de nombreux hôpitaux français ont récemment été contraintes de fermer temporairement leurs portes, faute de personnel suffisant pour assurer les soins. Ce constat alarmant met en lumière les failles d’un système de santé qui peine à répondre aux besoins croissants de la population. Entre manque de moyens, surcharge de travail et désertification médicale, le service public de santé semble être à bout de souffle.
Face à ces problèmes, la question d’une réforme en profondeur s’impose. Les professionnels de santé, les usagers et les décideurs politiques s’accordent à dire que des ajustements sont nécessaires, mais le consensus sur la nature et l’ampleur de ces changements reste à trouver. Faut-il repenser totalement notre système ou simplement l’adapter aux nouvelles réalités ?
Dans cet article, nous vous expliquons les enjeux, les propositions et les perspectives d’avenir pour notre service public de santé.
Crise des déserts médicaux : Une régulation nécessaire ?
La proposition de loi adoptée le 7 mai 2025 vise à limiter la liberté d’installation des médecins et suscite des débats intenses. Les élus locaux soutiennent cette mesure, tandis que les syndicats médicaux s’y opposent fermement. Cette loi prévoit une autorisation préalable à l’installation des médecins, délivrée par les agences régionales de santé (ARS), avec une autorisation automatique dans les zones à offre médicale insuffisante.
En revanche, dans les zones sur-dotées, l’autorisation n’est accordée que si un autre praticien cesse son activité. La situation est critique, avec 87% des territoires en pénurie médicale et plus de 6 millions de personnes sans médecin traitant. Une alternative proposée par le gouvernement inclut l’obligation pour les médecins de consacrer deux jours par mois à des zones en tension.
- Guillaume Garot, du Parti Socialiste, insiste sur le fait que la santé ne doit pas dépendre du code postal.
- Yannick Neuder, ministre de la Santé, s’oppose à la régulation stricte, préférant augmenter le nombre de médecins formés.
- Stéphanie Rist, d’Ensemble pour la République, critique l’efficacité de la régulation.
Une proposition de loi concurrente de Philippe Mouiller, des Républicains, est examinée à partir du 12 mai 2025, visant à améliorer l’accès aux soins dans les territoires. En termes de financement, 94 millions d’euros ont été investis entre 2017 et 2020 pour attirer de jeunes médecins dans les déserts médicaux. Selon un sondage, 86% des Français soutiennent la régulation de l’installation des médecins.
Les internes en médecine sont dans une situation très préoccupante
Les internes en médecine en France font face à des conditions de travail difficiles. Ils travaillent en moyenne 58,4 heures par semaine pour un salaire moyen de 400 euros par mois.
24% d’entre eux ont des idées suicidaires, soulignant la pression intense qu’ils subissent. Cette situation est exacerbée par les déserts médicaux, où l’accès aux soins est limité pour de nombreux patients.
Le plan Bayrou propose que les médecins consacrent deux jours par mois aux zones en tension, mais cette mesure reste insuffisante pour combler le manque de praticiens. Le code de la santé publique garantit l’accès universel aux soins, mais son application est incomplète.
📈 Données |
Chiffres |
|---|---|
Internes travaillant par semaine |
58,4 heures |
Salaire moyen mensuel des internes |
400 euros |
Internes avec idées suicidaires |
24% |
Pour améliorer la situation, plusieurs propositions sont avancées. Parmi elles, la création d’une formation de première année en médecine dans chaque département et le rétablissement de la permanence des soins pour tous les médecins libéraux et salariés. La suppression de la majoration des tarifs pour les patients sans médecin traitant est envisagée. Ces mesures visent à renforcer le service public de santé de proximité et à répondre aux besoins croissants de la population.
Vers une approche plus globale de la santé
Pour répondre aux problèmes actuels de notre système de santé, il est fondamental d’adopter une approche globale qui prenne en compte non seulement la répartition des médecins, mais aussi l’organisation et le financement des soins. L’un des principaux enjeux est de réduire les inégalités d’accès aux soins, qui persistent malgré les efforts déployés. Les déserts médicaux ne sont qu’une partie du problème; il faut également considérer la qualité des infrastructures et des services disponibles dans ces zones. Une meilleure coordination entre les différents acteurs de la santé, y compris les hôpitaux, les médecins libéraux et les centres de santé, pourrait améliorer l’efficacité du système.
La question du financement est centrale. Le modèle économique actuel du service public de santé doit être repensé pour garantir sa pérennité. Cela pourrait inclure une révision des modes de rémunération des professionnels de santé, afin d’encourager leur installation dans les zones sous-dotées. L’investissement dans la télémédecine pourrait offrir une solution partielle aux problèmes d’accès, en permettant aux patients de consulter des spécialistes à distance. Cela nécessite une infrastructure numérique robuste et une formation appropriée pour les professionnels de santé.
La formation des futurs médecins doit être adaptée aux besoins actuels du système de santé. Il faut augmenter le nombre de places dans les facultés de médecine, tout en garantissant une formation de qualité. Des stages obligatoires dans les zones rurales ou sous-dotées pourraient être intégrés au cursus, afin de sensibiliser les étudiants aux réalités du terrain et de les inciter à s’y installer après leur formation. Cette approche permettrait non seulement de combler les lacunes actuelles, mais aussi de préparer un avenir où chaque citoyen a accès à des soins de qualité, indépendamment de sa localisation géographique.
Et un véritable service public de santé
Selon Martin Hirsch, la France ne dispose pas encore d’un service public de santé couvrant tous les niveaux de soins. Aujourd’hui, il existe un service public hospitalier, mais les soins primaires restent largement sous le modèle libéral. Ce constat met en lumière une lacune dans l’organisation actuelle du système de santé.
La création d’un véritable service public territorialisé pourrait transformer la présence médicale sur tout le territoire. En établissant des centres publics dédiés à la proximité, cette réforme viserait à assurer une couverture médicale plus homogène et accessible, répondant ainsi aux besoins de chaque région.
Une refonte complète du système de santé permettrait également d’intégrer la prévention de manière plus efficace. En renforçant une logique coordonnée et publique, des initiatives comme le calendrier vaccinal ou le dépistage néonatal étendu pourraient être mieux intégrées, améliorant ainsi la santé publique globale.
Les mesures gouvernementales récentes cherchent à concilier ces principes avec des obligations partielles, telles que deux jours mensuels en zone tendue. Pour atteindre un système de santé véritablement intégré, une approche plus radicale et systématique semble nécessaire, afin de territorialiser et d’intégrer les soins dès le premier niveau.
Les 3 principes du service public
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