En France, environ 400 000 aides-soignantes exercent un métier essentiel, pourtant souvent sous-évalué. Mais que se passe-t-il une fois qu’elles prennent leur retraite ? La question du montant de leur pension reste souvent dans l’ombre, suscitée par des parcours professionnels marqués par des salaires modestes.
Le calcul de la retraite des aides-soignantes est complexe, influencé par plusieurs facteurs comme le type de contrat, le secteur d’activité, et les années de service. Beaucoup se demandent si ces professionnelles, qui ont consacré leur vie à prendre soin des autres, reçoivent une compensation financière à la hauteur de leur engagement.
On vous dit tout sur les mécanismes qui déterminent la retraite des aides-soignantes, les problèmes qu’elles rencontrent et les solutions possibles pour améliorer leur situation.
Combien d’aides-soignantes en France ?
En 2019, le nombre d’aides-soignantes fonctionnaires s’élevait à 227 000. Ces professionnelles, majoritairement des femmes (90 %), évoluent dans des environnements différents du secteur de la santé. Leur métier est classé en catégorie active, ce qui reflète les risques et la pénibilité qu’elles affrontent quotidiennement. Dans le secteur privé, on comptait moins de 60 000 aides-soignantes en 2018, tandis que dans la fonction publique territoriale, leur nombre oscillait entre 15 000 et 20 000.
Les aides-soignantes jouent un rôle fondamental dans le système de santé. Elles sont souvent le premier contact pour les patients, assurant des soins de base essentiels. Leur engagement et leur dévouement sont des piliers de la qualité des soins prodigués dans les établissements de santé.
Quel âge pour la retraite des aides-soignantes ?
Pour les aides-soignantes classées en catégorie active, l’âge de départ à la retraite est fixé à 59 ans, à condition d’avoir accompli au moins 17 ans de service. En revanche, pour celles ayant moins de 17 ans de service, l’âge de départ est de 64 ans. La pension de retraite de base dépend du nombre de trimestres accumulés pendant leur carrière.
Voici un tableau illustrant la durée d’assurance requise selon l’année de naissance :
Année de naissance |
Trimestres requis |
|---|---|
1960 |
167 |
1961 (jusqu’au 31 août) |
168 |
Septembre 1961 à 1962 |
169 |
1963 |
170 |
1964 |
171 |
1965 et après |
172 |
Annulation de la décote : un enjeu fondamental
L’âge d’annulation de la décote varie selon l’année de naissance. Pour les aides-soignantes nées en 1960, cet âge est de 61 ans et 3 mois. Celles nées en 1961 devront attendre 61 ans et 6 mois, et celles de 1962, 61 ans et 9 mois. Pour celles ayant moins de 17 ans de service, cet âge est uniformément fixé à 67 ans.
Ces mesures visent à compenser la pénibilité du travail des aides-soignantes. Elles soulèvent des questions sur l’équité et la reconnaissance de leur engagement. Les discussions autour de la réforme des retraites mettent en lumière la nécessité de valoriser ces métiers essentiels.
Quel est le véritable coût de la retraite pour une aide-soignante ?
Le parcours professionnel des aide-soignantes est souvent jalonné de enjeux, mais qu’en est-il de leur retraite ? Avec un salaire moyen brut mensuel d’environ 2 400 €, ces professionnelles de la santé voient leur rémunération varier selon leur expérience et leur lieu de travail. Le salaire peut osciller entre 1 480 € et 3 700 €, ce qui influence directement le montant de leur pension de retraite.
Lorsqu’une aide-soignante prend sa retraite, elle peut s’attendre à recevoir une pension représentant entre 50% à 75% du dernier salaire brut, à condition d’avoir complété une carrière entière dans la fonction publique. Ce pourcentage dépend de plusieurs facteurs, notamment la durée de la carrière et le régime de retraite applicable. Ainsi, la planification financière devient fondamentale pour maintenir un niveau de vie confortable après le départ à la retraite.
En plus de la pension, une prime de départ à la retraite est souvent versée par le CGOS. Cette prime, calculée à raison de 50 à 60 € par année de service, peut constituer un complément financier appréciable pour les nouveaux retraités. Il faut préciser que cette somme n’est pas automatique et dépend de l’organisation et des conditions spécifiques de chaque établissement.
Quels sont les avantages sociaux pour les aides-soignantes retraitées ?
Les aides-soignantes retraitées disposent de divers avantages sociaux qui peuvent considérablement améliorer leur qualité de vie. L’un des principaux bénéfices est l’accès à une couverture santé complémentaire, souvent proposée par les mutuelles des anciens employés du secteur de la santé. Cette couverture permet de réduire les frais médicaux non pris en charge par l’assurance maladie, un atout précieux pour les retraitées dont le pouvoir d’achat est parfois limité par une pension modeste.
Outre la couverture santé, les aides-soignantes retraitées peuvent bénéficier de réductions sur les transports en commun et les activités culturelles. Ces avantages sont souvent proposés par les collectivités locales ou les associations de retraités, cherchant à favoriser l’inclusion sociale et le bien-être des personnes âgées. Ces réductions permettent aux retraitées de maintenir une vie sociale active et d’accéder à des loisirs divers, essentiels pour leur épanouissement personnel.
La question du logement est capitale pour les aides-soignantes retraitées. Certaines peuvent accéder à des logements sociaux adaptés à leurs besoins, notamment en termes d’accessibilité et de proximité des services de santé. Ces logements, souvent subventionnés, offrent un cadre de vie sécurisé et abordable, ce qui est particulièrement important pour celles qui vivent seules ou avec des ressources limitées. Certaines associations proposent des services d’accompagnement pour faciliter les démarches administratives liées au logement.
Élise (Limoges) « Le salaire des aides-soignants au Québec est deux fois supérieur »
J’ai récemment découvert une opportunité incroyable pour les aides-soignants souhaitant s’expatrier au Québec. Avec un recrutement intensif sur tout le territoire, j’ai décidé de me lancer dans cette aventure. Le processus exige de posséder un diplôme d’État d’aide-soignant, et j’ai dû faire vérifier la validité et l’authenticité de mon diplôme. Ce fut une étape fondamentale, mais je suis heureuse d’avoir franchi cette première barrière.
En termes de rémunération, le salaire proposé est au minimum le double de ce que je gagnais en France. Il faut considérer les charges supplémentaires telles que l’assurance santé et les cotisations pour la retraite. Ces éléments peuvent impacter le budget, mais le gain reste significatif. J’ai également une expérience pertinente en gériatrie et en soins à domicile, ce qui a renforcé ma candidature.
Un autre aspect intéressant est l’engagement communautaire au Québec. J’ai participé à des discussions sur la possibilité de partager des logements et des expériences entre expatriés. Ces échanges m’ont rassurée et m’ont permis de mieux comprendre les problèmes et les opportunités de l’expatriation. Cela m’a également aidée à préparer mon arrivée et à me sentir moins seule dans cette nouvelle aventure.
Quel est le rôle d’une aide-soignante ?
Monique, 65 ans, une vie dédiée aux autres : confidences d’une aide-soignante à la retraite
Nous sommes installés dans le salon fleuri de Monique, à la campagne, dans une petite maison en pierre nichée au cœur du Gers. Elle vient de préparer un gâteau aux pommes, « recette de maman », précise-t-elle avec un sourire doux. À 65 ans, Monique savoure une retraite bien méritée après 42 années passées comme aide-soignante dans la fonction publique hospitalière. Sa voix est posée, son regard vif, empreint d’une bienveillance qui ne l’a jamais quittée. Aujourd’hui, elle revient avec émotion, humour et franchise sur son parcours, mais aussi sur les dessous du calcul de sa pension, souvent complexe et méconnu.
Monique, après toutes ces années de service, comment avez-vous abordé votre départ à la retraite ?
Oh, avec un mélange d’impatience et de tristesse, pour être honnête. J’avais hâte de souffler, mais laisser mes collègues, les patients, les odeurs de l’hôpital (oui, même ça !)… ça m’a fichu un sacré coup. J’ai passé ma dernière nuit de garde à pleurer dans la salle de repos. Et puis, on avait fait une haie d’honneur dans le service. Une collègue m’a même fait un coussin brodé « Pour tes siestes méritées », j’ai fondu. Mais bon, je n’allais pas faire des toilettes à 70 ans non plus !
Le calcul de la retraite d’un fonctionnaire hospitalier est assez technique. Comment ça s’est passé pour vous ?
J’ai eu la chance d’avoir une collègue un peu férue de paperasse qui m’a aidée à tout comprendre. En gros, ma pension de base, c’est 75 % du salaire brut des 6 derniers mois – sans les primes. Mais comme j’ai été aide-soignante pendant plus de 30 ans, j’ai eu droit au SPAS, le fameux Supplément de Pension des Aides-Soignantes. Grâce à ça, ils ont pris en compte une partie de la « prime spéciale de sujétion » – une petite rallonge qu’on touche pour les contraintes du métier. C’est pas énorme, mais chaque euro compte, surtout quand on a élevé trois enfants seule comme moi.
Et le fameux CTI du Ségur de la santé, vous y avez eu droit aussi ?
Ah oui, celui-là ! Ils nous l’ont donné un peu tard à mon goût, mais au moins je l’ai eu pendant mes six derniers mois, donc il a été compté dans le calcul. C’était 241 euros de plus sur ma fiche de paie, et donc un petit bonus dans la retraite aussi. Par contre, j’étais à mi-temps à ce moment-là pour garder ma petite-fille, mais le CTI, lui, est calculé comme si j’étais à temps plein. Une bonne surprise, pour une fois !
Avez-vous eu une anecdote drôle ou touchante liée à l’annonce de votre retraite ?
Oh mon Dieu, oui. Un jour, un patient un peu perdu m’a demandé si c’était vrai que je partais « au paradis ». J’ai rigolé, et lui ai répondu que non, juste à la retraite, mais que parfois c’était pareil. Une autre fois, j’ai reçu une carte signée par une patiente de 92 ans que j’avais accompagnée pendant une chimio. Elle avait écrit : « Merci d’avoir été mon rayon de soleil quand je ne croyais plus à demain. » Rien que d’en reparler, j’en ai les larmes aux yeux.
Avec le recul, vous sentez-vous justement reconnue, notamment à travers votre pension de retraite ?
Franchement ? Pas vraiment. On a beau dire qu’on est « essentielles », ça ne se traduit pas tant que ça sur les chiffres. Heureusement que j’ai le RAFP, la complémentaire, même si ce n’est pas le Pérou. Et puis j’ai appris à vivre simplement. Le plus dur, c’est de voir des copines qui, à 62 ans, galèrent encore parce qu’elles n’ont pas tous leurs trimestres. Moi, j’ai trimé 42 ans, de nuit, de jour, les week-ends, Noël, les accouchements à la chaîne, les décès aussi. Alors je me dis que je l’ai bien méritée, ma retraite.
Et aujourd’hui, comment occupez-vous vos journées de retraitée ?
Oh, je n’ai pas le temps de m’ennuyer ! J’ai rejoint une chorale, je fais du bénévolat à la Croix-Rouge, et je garde mes petits-enfants tous les mercredis. Et puis j’ai ressorti ma vieille machine à coudre – je fais des coussins pour les maisons de retraite. Comme je dis, on quitte l’hôpital, mais on n’abandonne jamais vraiment les autres.
Pour finir, quel conseil donneriez-vous à une jeune aide-soignante qui commence sa carrière aujourd’hui ?
De tenir bon, de se former, et surtout… de garder des preuves de tout ! Les attestations, les primes, les périodes à temps partiel… ça compte au moment du calcul de la retraite. Et de ne jamais oublier qu’on est là pour les gens, même quand le système fatigue. Parce que ce qu’on donne, les patients ne l’oublient jamais.
Monique s’interrompt pour verser un peu plus de thé, puis ajoute dans un sourire : « Et si je pouvais, je recommencerais. Pas à 20 ans, hein – je suis plus du matin ! – mais je le referais, ce métier. Pour un regard reconnaissant, un sourire dans un couloir d’hôpital. Ça, ça n’a pas de prix. »
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