Francis , professeur des écoles à la retraite « voilà mon salaire après 42 ans au service des élèves »

Fabrice

professeur ecoles retraite

En France, le salaire moyen d’un professeur des écoles en début de carrière avoisine les 1 800 euros nets par mois. Mais qu’en est-il une fois la retraite venue ? La question du montant de la pension de retraite pour ces enseignants mérite une attention particulière, surtout à l’heure où les réformes des retraites suscitent de vifs débats.

Les professeurs des écoles, qui ont consacré leur vie à l’éducation des jeunes générations, perçoivent-ils une retraite à la hauteur de leur engagement ? Entre les années de service, les bonifications et les éventuelles décotes, le calcul de la pension peut sembler complexe. Pourtant, il faut comprendre comment ces éléments influencent le montant final.

Analyse d’une réalité souvent méconnue : combien touche réellement un professeur des écoles à la retraite ?

Quel est l’âge de départ à la retraite pour les enseignants ?

L’âge légal de départ à la retraite pour les enseignants est fixé à 64 ans depuis le 1er juillet 2023. Pour ceux nés en 1956 et après, l’âge limite est de 67 ans.

Pour les enseignants appartenant à la catégorie dite « active », qui ont cumulé un minimum de 15 ans de services avant le 1er juillet 2011, le départ à la retraite est possible dès 57 ans. Ces enseignants bénéficient d’une souplesse notable dans leur départ anticipé, ce qui est une exception dans le système actuel.

Quels sont les montants de la retraite des enseignants en 2025 ?

En 2025, la retraite moyenne d’un enseignant titulaire s’élève à 2 500 € bruts par mois. Pour les enseignants du second degré, la pension atteint environ 2 850 €, tandis que pour ceux du premier degré, elle reste à 2 500 €. Les agrégés et professeurs d’université bénéficient de pensions plus élevées, reflétant leur statut et ancienneté dans l’éducation nationale.

Le taux de liquidation est de 75% du dernier salaire brut.

Une décote de 1,25% par trimestre manquant est appliquée, soit 0,625 point sur le taux de 50%. Ce calcul rigoureux assure une juste évaluation des pensions en fonction des trimestres cotisés.

Quels sont les régimes de retraite complémentaire ?

Les fonctionnaires de l’Éducation nationale cotisent à la RAFP, avec une valeur du point fixée à 0,05593 € en 2025. Pour les non-titulaires, l’affiliation se fait à l’IRCANTEC, tandis que les employés privés, selon leur date d’embauche, cotisent soit à l’Agirc-Arcco soit à l’IRCANTEC.

  • Fonctionnaires : RAFP
  • Non titulaires : IRCANTEC
  • Employés privés avant 2017 : Agirc-Arcco
  • Employés privés après 2017 : IRCANTEC
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Il faut préciser que la pension de retraite d’un fonctionnaire ne peut pas être inférieure au minimum vieillesse garanti, garantissant ainsi une sécurité financière minimale à tous les retraités.

Quels sont les avantages sociaux pour les enseignants retraités ?

Les enseignants retraités bénéficient de divers avantages sociaux qui leur assurent un confort de vie après une carrière dédiée à l’éducation. Parmi ces avantages, on trouve l’accès à des services de santé complémentaires souvent subventionnés, ce qui permet de réduire considérablement les frais médicaux. Ces services englobent généralement des remboursements pour les consultations médicales, les médicaments et parfois même des soins dentaires ou optiques.

Les enseignants retraités peuvent profiter de réductions sur les transports en commun, facilitant ainsi leurs déplacements quotidiens. Ces réductions sont souvent disponibles sous forme d’abonnements à tarif réduit, permettant aux retraités de se déplacer librement sans contrainte financière excessive. Cette mesure vise à encourager une vie active et sociale, essentielle pour le bien-être des retraités.

Il existe également des associations et clubs dédiés aux anciens enseignants, offrant des activités culturelles et sociales. Ces organisations permettent aux retraités de rester connectés avec leurs anciens collègues et de participer à des événements qui enrichissent leur vie sociale. Ces initiatives contribuent à maintenir un lien fort avec le milieu éducatif, tout en offrant des opportunités de loisirs et de développement personnel.

Comment est calculée la pension de retraite en France ?

La pension de retraite en France repose sur une formule simple mais précise. Elle se calcule en multipliant le traitement indiciaire brut par le rapport entre les trimestres validés et les trimestres requis, le tout multiplié par 75 %. Le traitement indiciaire brut est le dernier salaire perçu, sans inclure les primes.

Des bonifications viennent parfois s’ajouter au nombre de trimestres validés. Par exemple, les bonifications pour enfants ou service militaire peuvent augmenter ce nombre. Cela signifie que certains événements de la vie professionnelle ou personnelle peuvent avoir un impact positif sur le montant final de la pension.

Pour obtenir une pension basée sur un salaire plus élevé, il est nécessaire d’avoir occupé un poste de grade supérieur pendant au moins six mois avant la retraite. Cela inclut les grades hors classe ou classe exceptionnelle, permettant ainsi de bénéficier d’une pension plus avantageuse.

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Émilie (Angers) « Enseigner à l’étranger : un challenge financier »

Je me souviens de mon expérience d’enseignement à l’étranger comme d’un véritable enjeu. Malgré des heures de travail qui pouvaient atteindre 30 à 50 heures par semaine, les salaires étaient souvent jugés insuffisants par beaucoup d’entre nous. En tant qu’enseignante, j’ai trouvé difficile de mettre de côté une somme conséquente, comme les fameux 100 000 dollars en six ans, ce qui semblait hors de portée pour beaucoup de mes collègues.

Les conditions de travail étaient également marquées par des pressions administratives constantes, ce qui a poussé certains à envisager d’autres options professionnelles. Les frais de santé élevés aux États-Unis représentaient une charge supplémentaire. Avec seulement 8 jours de maladie par an avant que le salaire ne soit affecté, la situation devenait rapidement intenable en cas de problème de santé prolongé.

En discutant avec d’autres enseignants, j’ai appris que les écoles françaises en Californie, comme celles de Los Angeles, offraient des salaires légèrement plus attractifs. Les loyers exorbitants dans cette région rendaient l’expatriation encore plus compliquée. Cette réalité a fait que peu de candidats se lançaient dans l’aventure de l’enseignement à l’étranger, préférant souvent rester dans des postes plus stables en France.

Un prof nous ouvre ses comptes

Francis, 66 ans, professeur des écoles à la retraite : “Mon tableau noir est resté propre… mais ma mémoire est pleine d’élèves”

Francis nous reçoit dans sa maison de village, posée au pied du massif du Vercors. Le jardin est soigné, les tomates rougissent à l’ombre d’un vieux figuier, et dans le salon, une bibliothèque déborde de livres d’histoire et de romans jeunesse. Professeur des écoles pendant près de 40 ans, Francis est aujourd’hui un retraité apaisé, bien que légèrement nostalgique. Grand, calme, le regard malicieux derrière ses lunettes, il nous raconte les coulisses de sa retraite, les calculs administratifs et les souvenirs de récréations pleines de rires.

Francis, à quel âge avez-vous quitté l’Éducation Nationale, et dans quelles conditions ?

Je suis parti l’an dernier, à 65 ans, pile au bon moment pour une retraite à taux plein, sans décote. J’aurais pu partir à 62 ans, j’avais déjà le bon nombre de trimestres — 169, c’était ce qu’on demandait à ma génération — mais j’aimais encore trop l’école. J’avais intégré l’Éducation Nationale en 1981, donc j’étais considéré comme « sédentaire ». Pas question de partir avant l’été, même si j’atteignais l’âge en mars. La règle est claire : un professeur des écoles doit finir l’année scolaire, et franchement, je ne me voyais pas abandonner mes CM2 en pleine année !

Vous souvenez-vous du moment où vous avez compris que vous aviez « gagné » le taux plein ?

(Il sourit) Gagné, c’est le bon mot. Parce que c’est un vrai parcours du combattant. J’ai fait toutes les simulations, vérifié mon relevé de carrière sur Info Retraite, compté mes trimestres comme on compte les billes dans une cour d’école. Quand j’ai eu la confirmation, ça m’a enlevé un poids. Mon dernier traitement indiciaire était plutôt correct, j’avais eu une petite promotion en fin de carrière qui a boosté mon calcul — juste à temps, six mois avant de partir, ouf ! J’ai donc eu droit à 75 % de mon traitement indiciaire brut. Sans décote, ni surcote, j’étais dans les clous.

Comment avez-vous vécu l’aspect administratif du départ ?

Ah, ça… même pour un professeur habitué aux bulletins, convocations et livrets scolaires, c’est un autre niveau ! Il fallait prévenir le rectorat au moins six mois avant, envoyer la demande de départ, puis faire valider chaque étape… et surtout patienter. Ce qui m’a le plus marqué, c’est qu’on ne peut pas vraiment « choisir » la date. Même si vous êtes prêt en avril, la retraite, c’est le 1er septembre, point final. Et si vous insistez pour partir avant, vous payez la décote. C’est un peu injuste, mais j’ai respecté la règle. Mes élèves valaient bien quelques mois de plus.

Un souvenir marquant de votre toute dernière journée à l’école ?

Oh, oui. Le 5 juillet. On faisait les cartables avec les élèves quand un petit, Mehdi, m’a demandé : “Maître, qui va nous gronder gentiment maintenant ?” Toute la classe s’est mise à pleurer… moi aussi. Les parents m’avaient préparé un livre avec des mots de tous les élèves que j’avais eus en vingt ans dans cette école. Une maman m’a dit : “Vous avez appris à mon fils à lire, et aujourd’hui il entre en fac.” C’était le plus beau bulletin que j’aie jamais reçu.

Maintenant que vous êtes à la retraite, comment occupez-vous vos journées ?

Je continue d’apprendre… mais différemment. Je fais partie d’un club de lecture, je donne des cours d’alphabétisation à des adultes, et je m’amuse à écrire des histoires pour enfants. Le matin, je me réveille sans alarme, et c’est un bonheur. Ah, et je vais chercher mes petits-enfants à l’école : c’est ma revanche tranquille. Et croyez-le ou non, j’ai gardé mon vieux tampon “Validé”. On ne se refait pas !

Un conseil à donner aux enseignants qui approchent de la retraite ?

Oui : commencez à vous renseigner tôt. Lisez, posez des questions, faites des simulations. Et surtout, ne partez pas sans dire au revoir comme il se doit à vos élèves. On quitte une salle de classe, pas une famille. Et gardez une craie, une vraie — moi, je l’ai encadrée avec une étiquette : “Dernière leçon – juin 2023”. C’est un bout de rien du tout, mais pour moi, c’est tout un monde.

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Francis nous raccompagne jusqu’à la porte. Sur le meuble de l’entrée, une pomme en plastique trône à côté d’un vieux dictionnaire. Il nous lance : “Aujourd’hui, je corrige plus de fautes, mais je fais encore des dictées… à mes petits-enfants. Le pire, c’est qu’ils adorent ça.”

 

Fabrice

Fabrice DURAND

Entrepreneur et passionné par l'orientation professionnelle, j'ai créé formation-publique pour vous accompagner dans le choix de vos formations. Je suis également responsable du groupe Facebook Orientation scolaire.

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