Marie France, ATSEM à la retraite « voilà mon salaire après 40 ans au service des enfants »

Fabrice

retraite atsem

Quel montant pouvez-vous réellement espérer en tant qu’ATSEM à la retraite ? Si l’on vous dit qu’après quarante ans de carrière, votre pension pourrait plafonner à 1 125 € bruts mensuels, cela vous surprendrait ? Et pourtant, c’est une réalité pour des milliers d’agents comme Marie-France, qui ont tout donné au service des plus petits.

À travers chiffres clés, formules de calcul, témoignages poignants et pistes concrètes d’optimisation, découvrez dans cet article ce que vous réserve la retraite en tant qu’ATSEM, entre désillusions financières et vocations indélébiles.

Vous pensez tout savoir sur la CNRACL, les bonifications ou le rachat de trimestres ? Détrompez-vous…

Quel montant pour la retraite d’une ATSEM ?

À 62 ans, un agent territorial spécialisé des écoles maternelles (ATSEM) touche en moyenne environ 1 850 euros bruts par mois. La pension des ATSEM est calculée sur leur dernier traitement indiciaire brut, sans inclure les primes. La formule de calcul est la suivante : Pension brute annuelle = (traitement indiciaire brut × taux de liquidation × nombre de trimestres validés / durée de référence).

Le taux de liquidation est fixé à 75 % pour une carrière complète, et la durée de référence est de 172 trimestres (43 ans) pour les générations nées après 1973.

Par exemple, un ATSEM ayant exercé pendant 40 ans avec un salaire indiciaire brut moyen de 1 500 euros par mois aurait un traitement indiciaire brut annuel de 18 000 euros.

S’il a cotisé 160 trimestres, sa pension brute annuelle serait de 12 558 euros, soit environ 1 046 euros bruts par mois.

Des primes non prises en compte

Les primes et indemnités ne sont pas intégrées dans le calcul de la pension principale, mais elles peuvent contribuer au régime additionnel de la fonction publique (RAFP). Ainsi, les ATSEM doivent compter uniquement sur leur traitement indiciaire brut pour le calcul de leur retraite, ce qui peut affecter leur pension finale.

Pour optimiser leur retraite, les ATSEM ont plusieurs options : rachat de trimestres pour éviter une décote, ou bonification de départ anticipé dans certains cas (handicap, pénibilité). Le coût du rachat varie selon l’âge, le nombre de trimestres concernés et le niveau de pension souhaité. Les ATSEM qui n’ont pas travaillé 43 ans verront leur pension diminuée proportionnellement, sauf en cas de rachat de trimestres ou de majoration pour enfants.

  Comment révoquer un fonctionnaire ?

Exemples chiffrés et options d’optimisation

Voici un tableau récapitulatif des montants de retraite brute estimée en fonction du dernier traitement brut mensuel :

Dernier traitement brut mensuel
Montant retraite brute estimée (mois)
1 500 €
1 125 €
1 600 €
1 200 €
1 700 €
1 275 €

 

Une ATSEM ayant cotisé tous ses trimestres peut espérer une retraite brute de l’ordre de 1 100 à 1 150 € par mois en fin de carrière. Pour les personnes nées après 1973, le nombre de trimestres requis est de 172 trimestres (43 ans). Les bonifications pour enfants permettent d’augmenter la pension de 10 % pour trois enfants ou plus. Le minimum garanti est d’environ 1 354 € brut par mois, sous certaines conditions.

« Quarante ans à genoux, le cœur grand ouvert » — Entretien avec Marie-France, ATSEM en fin de carrière

Il est un petit banc en bois, dans une salle de classe aux murs tapissés de dessins d’enfants, qui porte les traces du temps comme les mains de Marie-France. À 62 ans, cette ATSEM (Agent Territorial Spécialisé des Écoles Maternelles) tire sa révérence après quarante années passées dans la même école maternelle d’un petit village du Loiret.

Sa blouse bleu pâle, patinée par les années, est presque une seconde peau. Les enfants l’appellent encore « Tatie Marie-France », et les parents, pour beaucoup devenus adultes sous son regard bienveillant, viennent la saluer comme une figure locale incontournable.

Installée dans la salle des maîtres, une tasse de tisane entre les mains et les yeux pétillants d’émotion contenue, elle revient pour nous sur une carrière riche en tendresse, en anecdotes inattendues, et sur la question, bien moins poétique, de sa retraite.

Marie-France, quarante ans dans la même école maternelle… Comment tout cela a-t-il commencé ?

J’avais 22 ans, j’étais jeune maman, et je voulais un travail qui me permettrait de concilier vie familiale et engagement professionnel. au début il n’y avait pas de concours d’ATSEM mais j’exerçai en tant que ASEM, et dès ma première rentrée, j’ai su que j’étais au bon endroit. Je me souviens d’un petit garçon, Thomas, qui m’a offert une pâquerette qu’il avait cachée toute la matinée dans sa poche… Elle était toute écrasée, mais j’ai pleuré. C’était le début d’une aventure humaine incroyable.

Comment avez-vous vécu l’évolution de votre métier au fil des années ?

Oh, ça a beaucoup changé ! À mes débuts, on faisait tout : on servait la soupe, on lavait les sols, on pansait les genoux écorchés… Aujourd’hui, on est davantage reconnues comme actrices éducatives. Mais les conditions sont toujours rudes. Je me suis cassée le dos plus d’une fois en portant des enfants ou en nettoyant à quatre pattes. Et pourtant, jamais je n’ai pensé à faire autre chose. Le sourire d’un enfant qui arrive en pleurant et repart avec un dessin dans les mains, ça n’a pas de prix.

En parlant de prix… Avez-vous pensé à votre retraite avec anxiété ou soulagement ?

Les deux. Je suis contente de souffler un peu, c’est vrai, mais aussi très inquiète. Ma pension sera de 1 125 € bruts par mois, après quarante ans de bons et loyaux services. Ce n’est pas grand-chose quand on voit tout ce qu’on a donné. Les primes qu’on a touchées pendant les années — pour Noël, pour les services exceptionnels — ne sont même pas prises en compte dans le calcul. C’est dur à avaler.

Et vous, vous avez envisagé des solutions pour améliorer votre retraite ?

J’ai songé à racheter des trimestres, mais c’était trop cher. Et puis, j’ai élevé mes trois enfants, donc j’ai droit à une majoration de 10 %, ce qui m’aide un peu. La mairie a prévu une petite prime de départ, rien d’obligatoire, mais je crois qu’ils veulent marquer le coup. Ce sont des attentions qui réchauffent, même si elles ne payent pas les factures.

Vous souvenez-vous d’un moment particulièrement marquant dans votre carrière ? Quelque chose d’émouvant ou de complètement farfelu ?

(Rires) Ah oui, je me souviens du jour où un enfant m’a enfermée par mégarde dans les toilettes pendant l’heure de la sieste. Il jouait au serrurier avec une cuillère en plastique… Je suis restée coincée une heure, les collègues me cherchaient partout. Et côté émotion… Le jour où une ancienne élève m’a invitée à son mariage. Elle m’a dit que c’est moi qui lui avais appris à faire ses lacets et à dire bonjour en regardant dans les yeux. J’ai pleuré toute la cérémonie.

Comment voyez-vous cette nouvelle vie qui vous attend après juillet ?

Je vais respirer, lire, m’occuper de mon jardin… Mais je ne vais pas disparaître. Je veux faire du bénévolat dans une association qui propose du soutien scolaire et des activités pour enfants. Et puis, j’aimerais bien transmettre mon savoir-faire : pourquoi pas donner des petites formations à de jeunes ATSEM ou participer à des ateliers dans les écoles. J’ai tellement de choses à partager !

Un dernier mot pour celles et ceux qui exercent ce métier aujourd’hui, ou qui s’y préparent ?

Tenez bon. Ce métier, c’est pas une voie facile, mais c’est une voie de cœur. On ne devient pas ATSEM pour l’argent ou les horaires, mais parce qu’on aime les enfants, vraiment. Et même si la reconnaissance n’est pas toujours au rendez-vous, les petits « je t’aime, Tatie » au quotidien valent bien tous les diplômes du monde.

  La fonction publique territoriale pourrait bientôt disparaître

Marie-France quittera son école à la fin de l’année scolaire, avec des bouquets de dessins, des câlins à n’en plus finir, et un cœur rempli de souvenirs indélébiles. Sa pension ne sera peut-être pas à la hauteur de son engagement, mais son héritage, lui, est immense.

Les perspectives professionnelles des ATSEM après la retraite

Après une carrière dédiée aux écoles maternelles, les ATSEM peuvent envisager diverses activités professionnelles ou bénévoles pour enrichir leur retraite. Certains choisissent de poursuivre leur engagement auprès des enfants en se tournant vers des emplois à temps partiel dans les crèches ou les centres de loisirs, où leur expérience est précieuse. D’autres optent pour des activités totalement différentes, comme l’artisanat ou le jardinage, qui peuvent également offrir des opportunités de revenus complémentaires.

Le bénévolat est une autre voie que beaucoup d’ATSEM retraités explorent. En s’engageant dans des associations locales, ils peuvent continuer à contribuer positivement à la communauté tout en restant actifs. Leurs compétences en communication et en gestion de groupe sont souvent très appréciées dans ces contextes. Cette démarche permet non seulement de maintenir un lien social fort, mais aussi de donner un sens nouveau à leur quotidien après la carrière professionnelle.

Les ATSEM retraités peuvent aussi envisager de transmettre leur savoir-faire à travers des formations ou des ateliers destinés aux nouvelles générations d’ATSEM ou aux parents. Ces initiatives permettent de partager des méthodes pédagogiques éprouvées et de rester connectés au monde de l’éducation. En offrant des conseils pratiques et des astuces, ils contribuent à l’amélioration continue des pratiques professionnelles dans le domaine de l’éducation de la petite enfance.

  Le calendrier 2024 des concours de la fonction publique

Comment se prépare la retraite d’un ATSEM ?

Les ATSEM, ces agents essentiels des écoles maternelles, préparent leur retraite en cotisant principalement à la Caisse Nationale de Retraites des Agents des Collectivités Locales (CNRACL). Cette caisse gère la retraite de nombreux fonctionnaires territoriaux, garantissant ainsi une sécurité financière après des années de service. Pour les ATSEM, il est fondamental de bien comprendre le fonctionnement de leur caisse de retraite pour anticiper leur avenir.

Bien que statutairement, il n’existe pas d’indemnité obligatoire lors du départ en retraite, certaines collectivités choisissent d’offrir une prime ou indemnité à leurs agents. Cette pratique, bien que non généralisée, reflète une volonté de valoriser l’engagement des ATSEM au sein des collectivités locales. Les agents doivent donc se renseigner auprès de leur employeur pour savoir s’ils peuvent en bénéficier.

Le salaire brut moyen d’un ATSEM débutant s’élève à environ 1 836 € brut mensuel, soit environ 1 415 € net. Ce montant, bien qu’important pour le quotidien, joue aussi un rôle dans le calcul de la future pension. Les ATSEM sont encouragés à utiliser les simulateurs en ligne de la CNRACL pour estimer précisément leur pension, en tenant compte de leurs années de service et de leur traitement indiciaire.

Fabrice

Fabrice DURAND

Entrepreneur et passionné par l'orientation professionnelle, j'ai créé formation-publique pour vous accompagner dans le choix de vos formations. Je suis également responsable du groupe Facebook Orientation scolaire.

Laisser un commentaire